La revue « Architectures » parue fin 2017* met en évidence différents espaces d’éducation en Brabant wallon. Parmi ceux-ci, l’extension de l’école primaire de Tourinnes et de celle toute proche de l’école de Corroy-le-Grand. La question à la base de cet ouvrage : l’architecture peut-elle éduquer ?
Une école différente
L’ajout d’une aile avec un réfectoire et trois classes à Tourinnes est l’œuvre de l’architecte tourinnois Grégoire Wuillaume. Ce qui marque cette rénovation, souligne Anne Norman auteure de l’ouvrage, c’est l’importance des accès sécurisés par l’arrière de l’école, grâce au sentier qui longe l’ancien et le nouveau bâtiment et l’auvent qui les relie. Un parking à l’arrière permet également d’y accéder sans encombre.
A l’intérieur de ce bâtiment basse énergie, place aux grandes baies vitrées, à la prise de lumière généreuse et au bois qui crée une atmosphère chaleureuse. Les classes communiquent entre elles et les espaces du rez-de chaussée sont modulables.
Cette petite école de village qui date d’avant 1850 retrouve ainsi une nouvelle jeunesse pour le plus grand bonheur des enfants… et de leurs parents. Mais pas que. Car, vu le faible taux d’occupation en soirée et le week-end, l’école peut être utilisée à d’autres fins, ce qui constitue un plus pour l’ensemble de la commune.
L’extension de l’école de Corroy bien intégré dans l’environnement villageois et avec l’ancienne école obtient aussi une belle mention. Cette école à deux pas de chez nous mérite le détour.
Pour les architectes de ces espaces scolaires, les défis étaient importants. Au-delà de la conception même du bâtiment, il faut aussi faire face aux contraintes liées à l’environnement en terme de durabilité des matériaux et d’entretien, tout en faisant face aux différentes réglementations.
L’habit ne fait peut-être pas le moine mais il y contribue !
Dans une introduction fort intéressante, Anne Norman, pose la question des liens entre architecture et apprentissage. Témoins de choix de société et du renouvellement des conceptions de l’éducation, la nouvelle architecture crée des espaces propres à favoriser la créativité, la flexibilité, la circulation et l’entraide ainsi que l’autonomie. Il est important que les enfants puissent bouger pour s’approprier les lieux, les « habiter » et s’y sentir bien. On se souvient de nos anciennes classes basées sur un enseignement « frontal », avec des classes souvent toute en longueur, une estrade où l’enseignant dominait la situation et de longs couloirs un peu austères.
Ces structures nouvelles suffisent-elles pour transformer les pratiques éducatives ? Les nouvelles dispositions spatiales, écrit l’auteure, jouent un rôle dans les situations d’apprentissage. Ils peuvent les soutenir, les aider mais ne les déterminent pas. Le rôle de l’enseignant et de l’équipe pédagogique reste essentiel. L’école forme les citoyens de demain, des personnes ouvertes, autonomes, capables de travailler en équipe, solidaires. Les nouveaux espaces sont propices à cette nouvelle approche.
ECOLO ne peut que souscrire à cet avis. Comme nous l’avions écrit précédemment, « un projet pédagogique fort, novateur et dynamique ne peut que contribuer à renforcer l’ancrage des écoles communales et engendrer l’enthousiasme des parents… et des enfants ».
« Il est certain que passer les premières années de son éducation dans ce type d’espace, au moment crucial où l’enfant s’ouvre au monde extérieur, constitue un facteur essentiel du développement humain », conclut Anne Norman.
L’ouvrage d’Anne Norman peut être téléchargé ici…
*Anne Norman, Espaces d’éducation en Brabant wallon, Série Architectures publiée par le CCBW, tome 17, décembre 2017.