Le rideau est définitivement tombé pour le projet de 10 éoliennes au lieu-dit Les Turluttes, entre le hameau de Libersart à Tourinnes et Corroy-le-Grand. Pour rappel, il s’agissait d’un projet d’Engie (anciennement Electrabel) en association avec la coopérative citoyenne HesbEnergie. Voir ici…

Après un refus du fonctionnaire délégué et du fonctionnaire technique de Wavre, premiers habilités en la matière, les promoteurs ont essuyé à nouveau refus de la part du Ministre Di Antonio.

Le Ministre en souligne les éléments positifs

Malgré son refus, le Ministre mentionne toute une série d’éléments qui lui paraissent positifs dans ce projet bien en phase avec la politique régionale. Quelques exemples :

  • « la consommation d’espace sur les terres agricoles est tout-à-fait anecdotique »
  • « Le site retenu présentait nombres d’avantages… » (en gras dans le texte)
  • « le projet bénéficie d’un potentiel éolien de très bonne qualité » (aussi en gras)
  • « en conclusion, le site présente… toutes les caractéristiques techniques adaptées, voire impératives, à l’implantation d’un parc éolien de grande taille » (en gras)
  • « le projet constitue une structuration du paysage existant… et est pleinement conforme au Cadre de référence pour l’implantation d’éoliennes »
  • « la qualité patrimoniale du site ne sera pas altérée par la présence du parc »
  • « le projet rencontre les dispositions de la convention de Florence en structurant le paysage »

Les raisons du refus

Le Ministre explique bien entendu les raisons qui ont conduit au premier refus et, notamment, les points de vue des communes concernées défavorables au projet, Au-delà d’une série de doléances bien légitimes des riverains, l’élément essentiel qui semble avoir manifestement conduit au refus d’octroi de permis sans possibilité d’aménagement, c’est l’avis négatif de la Défense nationale au regard de la hauteur des mâts à cet endroit. Ce refus paraît définitif.

Mon point de vue en tant qu’échevin de l’énergie

La surprise.  Un accord avait été passé il y a quelques années entre Electrabel (devenu Engie) et la Défense pour chercher une solution en vue de réduire l’impact des éoliennes sur les radars de Beauvechain. Ce qui a été fait et prouvé, à la fois théoriquement et pratiquement par un test longue durée sur une éolienne de Perwez. Sur ce point donc, le refus de permis, c’était plutôt inattendu.

Les inquiétudes légitimes.  L’étude d’incidences a montré que l’impact visuel et environnemental de ce projet serait plus important qu’imaginé. Pour certains habitants de Libersart, ces deux rangées de cinq éoliennes auraient eu des impacts non négligeables sur leur vie quotidienne : impacts visuel et acoustique et, peut-être, nuisances stroboscopiques ou lumineuses.

L’autre inquiétude légitime, tant des communes que de leurs habitants, c’est la multiplication des projets présents et à venir et donc l’inquiétude que, derrière un projet, un autre puisse encore survenir.

Rendre ce projet acceptable.  Je considère pour ma part que tout n’est pas à rejeter en bloc : cela apparaît d’ailleurs quand on lit bien l’ensemble des courriers émanant des citoyens et reçus dans les communes concernées. Pour rendre ce projet acceptable, outre l’accord indispensable de la défense, il eût fallu moins d’éoliennes proches des habitations -mêmes si les distances réglementaires étaient respectées- et des garanties fortes dans la coordination des projets éoliens dans la zone.

Quid des autres projets ?

Surprenant… La Région wallonne devrait implanter une éolienne sur l’aire de repos de l’autoroute à hauteur de Nil-Saint-Martin. Si on peut saluer la démarche, elle ne manque pas de surprendre au moment où un projet est d’office bloqué par les militaires au même endroit. Faut-il s’attendre à une modification de la hauteur de l’éolienne envisagée ? Aucun projet n’est encore parvenu au collège de la part de la Région wallonne et aucune discussion n’a été entamée dans la commune sur le sujet.

Il y a aussi l’extension du parc Ernage-Wahain : la réunion d’information préalable s’est déroulée sur les deux communes et notre site Ecolo a déjà relayé ce qu’il en est. A ce jour, l’étude d’incidences devrait être en cours, pour autant toutefois que le promoteur maintienne son projet malgré les fortes oppositions citoyennes et communales.

En conclusion

Comme toujours, les citoyens ont pu avoir accès à un maximum d’informations sur le projet puisque, avec l’accord des promoteurs, toutes ces informations étaient présentes sur le site Internet de la commune. La démarche participative a donc été pleinement respectée.

La coordination régionale entre les projets éoliens est malheureusement au point mort ce qu’ECOLO regrette amèrement car, dans ces conditions, il sera bien malaisé de remplir, avec tous les acteurs concernés, nos engagements en matière climatique.

Enfin, il faut aussi mentionner les citoyens, plus nombreux qu’il n’y paraissait lors des réunions publiques, qui seraient favorables à une approche raisonnable pour la construction d’un parc à proximité de chez eux. A condition d’éviter l’encerclement ou une proximité trop imposante.

Jean-Marie Gillet, échevin