Article de Benjamin Assouad publié le 27 octobre 2011 par Inter-Environnement Wallonie
Les compensations alternatives, voilà un sujet qui fâche.
A la base, il y avait le problème des carriers wallons reconnu par tous. Les gisements qu’ils exploitaient arrivaient à épuisement ; la poursuite de leurs activités nécessitait la création de zones d’extraction au plan de secteur ; pareilles créations imposaient, à titre de compensations, le transfert en zones non-urbanisables de terrains actuellement situés en zones urbanisables ; mais des terrains à échanger, les carriers, ils n’en avaient plus.
Il fallait donc agir. Sous la pression du patronat – il en allait de la survie d’un secteur compétitif – et des environnementalistes – il est aberrant d’offrir des voyages long-courriers aux matériaux de construction entre site d’extraction et site de construction –, les autorités sortirent de leur chapeau le mécanisme des compensations alternatives.
Alternatives pour l’être, c’est assez clair, mais peut-être pas comme les environnementalistes l’auraient souhaité. Souffrant d’une absence de balises juridiques, ces compensations peuvent porter sur tout. Demandées à un privé, elles peuvent aussi bien porter sur la réalisation d’un stade de foot, l’embellissement d’un rond-point, … ou la construction d’une route de contournement.
C’est précisément d’une route de contournement dont il s’agit dans un dossier encore non tranché mais qui suscite pas mal de remous : « Les Turluttes » à Chaumont-Gistoux. Les entreprises Conard et Orléans SA et les établissements Hoslet SA auront bientôt achevé l’exploitation de la sablière située en zone d’extraction. C’est pourquoi un dossier de révision de plan de secteur a été introduit. Cette révision prévoit une extension de la sablière en zone agricole sur 110 hectares, ce qui permettrait la poursuite de l’exploitation d’un sable de bonne qualité pour au moins trente ans.
L’auteur de projet considère qu’il est impossible matériellement de compenser de manière planologique plus que pour 23 hectares (19 en zone agricole et 4 hectares en zone naturelle). Il fait donc le choix d’un complément en compensation alternative.
Celle-ci consistera à améliorer la mobilité aux abords en aménageant un accès direct au site depuis l’autoroute. L’idée est ainsi d’éviter tout trafic dans les zones habitées de Chaumont-Gistoux et de Walhain.
Sans même discuter de la pertinence du choix d’une telle proportion de compensation alternative dans une révision de plan de secteur, notons juste qu’il est piquant de compenser la perte de 87 hectares de terres agricoles par la construction d’une route asphaltée. Si c’est ça une mesure favorable à l’environnement, drôle de conception de l’environnement…
(Photo de Karine Thollier : Un camion à la manœuvre dans la sablière des Turluttes)