Ancien journaliste et Walhinois, Philippe Engels devient le nouveau président de TV Com


« Avoir un nouveau projet télé »

Le Soir, Jeudi 30 juin 2011


– Philippe Engels veut dépoussiérer la télé locale du Brabant wallon
– Il est l’heure, selon lui, d’avoir une réflexion sur son contenu.
– Le Walhinois veut que l’image dynamique du Brabant wallon transparaisse dans les émissions.

ENTRETIEN

Il y a des élections qui font grincer des dents. Surtout quand elles touchent une chasse gardée. Philippe Engels, 45 ans, a été élu mercredi soir président du conseil d’administration de TV Com. Il succède à Christophe Dister (MR). Son mandat s’étend sur deux ans. Licencié en sciences économiques et en journalisme, journaliste politique du Vif pendant 18 ans, ce Walhinois est depuis septembre 2009 le secrétaire politique du groupe Écolo au Parlement wallon. Premières impressions de ce grand amateur de foot qui entend faire régner un souffle nouveau sur la télé du Brabant wallon.

Votre nomination n’a pas fait que des heureux. Les socialistes estiment que la Communauté française demande de dépolitiser les télés locales mais qu’on y parachute une personne qui, in fine, travaille pour Écolo. La dépolitisation a des ratés ?

Pas du tout. Il y a une confusion entre deux idées. Le décret Laanan vise à éviter les situations de conflit d’intérêts, de manière à ce que les différentes équipes ne soient pas mises sous pression par le conseil d’administration. L’idée est d’interdire que des membres du CA soient également échevin ou bourgmestre. Ce qui n’est pas mon cas. Écolo n’a qu’un seul représentant au CA, alors qu’il a obtenu environ 20 % aux dernières élections en Brabant wallon. Nous ne sommes donc pas surreprésentés. Pour le reste, je ne me déplace pas en parachute. J’ai d’autres moyens de locomotion. J’ai toujours défendu ma liberté de pensée. Ce sera encore le cas. Je ne viens pas à la présidence pour être le soldat d’un parti. Je suis là dans un esprit d’ouverture, de transparence, de participation. Je veux une télé ouverte.

On vous reproche de n’avoir jamais mis les pieds à TV Com…

Je connais le Brabant wallon depuis longtemps. Le handicap de ne pas connaître la maison sera gommé par un souci de dialogue et une approche nouvelle. Je veux apporter un vent de fraîcheur.

Que savez-vous de TV Com ?

C’est une télé qui a passé de nombreux orages avec, à l’époque, une politisation intense. Il y avait une ingérence des politiques. Cela a évolué. Les finances sont sorties de la zone rouge, un déménagement a dû être digéré. Elle possède des studios de qualités qui sont enviés par beaucoup. L’outil est bon. Le moment est venu d’avoir une réflexion sur un nouveau projet télé. La question de l’identité des télés locales est vive. Par mon expérience des médias, passionné par l’info, je pense pouvoir apporter un regard neuf. TV Com n’a pas besoin d’une révolution mais d’une réflexion sur le contenu. On ne peut nier que les chiffres d’audience ne sont pas exceptionnels. TV Com a perdu 10 % en 3 ans.

N’est-ce pas l’existence du média local qui est en question ?

Il y a des télés locales qui sont des succès. Elles peuvent s’avérer incontournables. Elles ont des spécificités, mais il faut s’en convaincre. Si à côté des grands médias, la télé locale a pour seul projet de résister et de défendre sa petite niche, sans faire de vague, elle rate une partie de son potentiel.

Votre rôle à vous ?

TV Com a été remis sur de bons rails par Christophe Dister. Mon rôle n’est pas de me substituer à la rédaction en chef mais de la soutenir et de l’écouter. Je vais me donner trois mois pour évaluer la situation, écouter et dialoguer avec toutes les équipes sur un projet commun. Je suivrai aussi de près les réflexions quant aux nouvelles possibilités de financement de la Communauté française et les moyens de trouver d’autres rentrées financières.

Comment voulez-vous faire évoluer TV Com ?

Il faut oser parler davantage des faits de société, de politique, oser expliquer les enjeux économiques et ne pas se contenter de relayer une info locale basique qui ne fait pas suffisamment sens. Quelqu’un qui habite à Grez-Doiceau doit être intéressé par un sujet qui se situe à 15 km de chez lui. On ne doit pas seulement regarder TV Com pour les infos qui concernent sa commune. Il est possible d’intéresser un large public à travers une info de proximité. Il y a le potentiel pour faire cela à TV Com.

Votre souhait ?

Le profil dynamique du Brabant wallon doit transparaître dans les émissions. Il n’y a aucune raison d’avoir une province dynamique, bien positionnée, en plein développement, et une télé qui n’a pas confiance en elle, qui n’est pas audacieuse, qui n’est pas ouverte ou dynamique.

Xavier Attout