Avis défavorables pour les éoliennes
Ni la Commune de Walhain ni celle de Gembloux ne veulent du projet d’éoliennes d’Alternative Green. Mais ce ne sont que des avis.
La seconde mouture ne sera sans doute pas la bonne : la copie revue par Alternative Green n’a pas été suffisamment corrigée aux yeux des édiles. Après Walhain, c’est le collège communal de Gembloux qui a remis, hier, un avis défavorable.
WALHAIN
À Walhain, l’enquête publique a donné lieu à 176 lettres de réclamations dont une pétition de 227 signatures. De son côté, la Commission consultative de l’aménagement du territoire et de la mobilité a remis un avis défavorable, même si elle dit n’émettre aucune opposition de principe aux éoliennes. Ce qui manque, pour la CCATM, c’est un cadre de référence qui régule le développement des éoliennes sur le plan régional. À défaut, dit-elle, on est toujours au coup par coup. L’occasion de saluer l’initiative de la Commune de Walhain qui, plutôt que d’attendre les projets des promoteurs, a elle-même organisé un appel d’offres précis.
Sur le fond, la CCATM estime que même si Alternative Green a retiré une éolienne par rapport à son projet initial, ce n’est pas suffisant. À ses yeux, les mêmes problèmes se posent avec six machines
plutôt que sept.
Lacunaire. Le collège communal a aussi soigneusement motivé son avis défavorable. En pointant du doigt notamment l’étude d’incidences qu’il juge lacunaire, surtout en ce qui concerne l’étude des alternatives de localisation du projet. Pour tout dire, le collège a un peu l’impression que cette étude a des réponses standardisées et non suffisamment ancrées sur la réalité de l’environnement dans lequel le projet veut s’inscrire. On sait que ces éoliennes sont pressenties sur un espace de zone agricole. Ce qui suppose une dérogation.
Le collège estime là aussi que le demandeur ne motive pas suffisamment les raisons d’accorder une telle dérogation. Il est difficile de définir si un parc éolien perturbe ou ne perturbe pas les lignes de force paysagères vu qu’aucune loi ne définit cela. Cela permet au collège d’estimer que ce projet suscitera une pollution visuelle indéniable.
Cet avis défavorable a été transmis au fonctionnaire-délégué. C’est lui qui devra accorder ou non le permis. En cas de décision défavorable, les demandeurs peuvent introduire un recours devant le ministre Henry. ■
L’Avenir – 4 mai 2011 – Dominique Velande
Voir aussi le site de la Commune de Walhain: http://www.walhain.be/services-aux-citoyens/environnement/energie/
GEMBLOUX
Le collège communal rend un avis négatif, une nouvelle fois, sur le projet de parc éolien du promoteur Alternative Green à Ernage
Pour la seconde fois, le collège communal de Gembloux devait se prononcer par rapport au projet de parc éolien à la frontière entre Ernage et Walhain (aux lieux-dits Baudecet et Diquet). Pour la seconde fois et comme à Walhain, c’est un avis négatif qui est rendu et transmis à la Région. Pourquoi? Explications.
1. Des airs de conquête de l’Ouest.
Est évoqué d’abord un outil qui manque : la cartographie wallonne des zones potentiellement éoliennes. Elle est annoncée par la Région. En attendant, la démarche des promoteurs a des airs de conquête de l’Ouest. C’est en tout cas la lecture qu’on en fait à Gembloux : « Chacun essaie d’être le premier pour planter son petit drapeau » estime Éric Van Poelvoorde, échevin de l’Aménagement du Territoire et de l’Énergie. « Je suis favorable au développement de l’éolien en soi, mais pas n’importe comment. Pour le moment, c’est un peu la course à l’échalote pour la possession des sites alors que par ailleurs on ne dispose pas d’une vue globale du potentiel sur le territoire wallon. » Quelles sont les zones intéressantes et répondant aux critères ? Faut-il toutes les mettre en oeuvre et dans quel ordre de priorité ? Tant que ces questions ne sont pas tranchées, la ville de Gembloux n’est pas chaude à l’idée d’accepter un parc dans un contexte où ils risquent de proliférer sans régulation : «Notrecommune est au centre de cinq projets en cours… » rappelle l’échevin.
2. Pas de retour pour les citoyens.
Le collège estime aussi que l’implantation d’éoliennes doit avoir des retombées locales compensatoires. « Il est logique que les pouvoirs publics, et à travers eux les citoyens, puissent bénéficier des dividendes de l’énergie produite par les éoliennes installées sur leur territoire. » Cette dimension participative manque. Alternative Green annonce bien un partenariat avec une ASBL pour la création d’une «coopérative citoyenne » qui pourrait investir dans son projet. Mais la promesse manque de contenu et de précision. La commune n’y voyait pas très clair : « Ça avait l’air de belles paroles, mais concrètement on n’a pas d’élément sur le montage financier, les tenants et les aboutissants…»
3. Un projet pas complètement rassurant.
Au mois de juin, le conseil communal de Gembloux devrait voter son « cadre de l’éolien » : 12 critères sur base desquels les dossiers de demande de permis seront jugés. On y trouvera les questions des nuisances pour les riverains, de co-visibilité des parcs, mais aussi le «respect» témoigné à l’autorité communale dans l’information et son caractère exhaustif. Bourgmestre et échevins n’ont pas obtenu leurs apaisements sur ces points en passant le projet d’Alternative Green à ce crible : «Au dossier de l’étude d’incidences, manquent notamment des simulations 3D sur des vues du parc que nous estimons déterminantes à propos de ses impacts visuels. » Qui plus est, même si le promoteur avait (un peu) revu sa copie, réduisant de sept à six le nombre d’éoliennes, plusieurs objections restaient d’actualité pour la commune. Notamment sur les ouvertures de voiries. La route du projet, si elle n’est pas barrée définitivement, rencontre en tout cas un sérieux casse-vitesse avec ce second avis négatif. Au bout du chemin, attendent maintenant les fonctionnaires technique et délégués de la Région,
pour la décision. ■
L’Avenir – 4 mai 2011 – Samuel Sinte